Villaret de Joyeuse
Composer l’invisible, une chambre en plus
Paris 17ème
Surface: 125 m2


Villaret de Joyeuse
Composer l’invisible, une chambre en plus
Paris 17ème
Surface: 125 m2
À deux pas de la place de l’Étoile, cet appartement haussmannien a fait l’objet d’une transformation délicate : moderniser sans effacer, adapter sans trahir. L’ambition du projet était claire, mais le défi posé par les propriétaires l’était tout autant : ajouter une quatrième chambre, sans compromettre la fluidité ni le caractère du lieu.
Il a fallu repenser les volumes avec finesse, sans brusquer l’équilibre d’origine. Les interventions, bien que contemporaines, s’inscrivent dans une continuité calme, presque silencieuse. Les seuils sont adoucis, les circulations redessinées, les matières choisies pour leur capacité à dialoguer avec l’existant.
Sur cette base recomposée, un nouvel espace s’est affirmé, à la fois ancré dans son époque et fidèle à l’esprit du lieu.
L’étincelle: comment un élément révèle la vision créative

Le concept de cette rénovation s’inspire d’un détail présent sur les garde-corps des balcons : une forme oblongue aux courbes parfaites, évoquant celles d’une pilule. Ce motif géométrique, à la fois doux et allongé, conjugue élégance et fonctionnalité. Il incarne la perfection mathématique, tout en apportant une dimension sensuelle au projet.



Cette forme emblématique a été intégrée à chaque étape de la conception: des menuiseries sur mesure aux calepinages, en passant par la miroiterie et les boiseries murales. Si bien que le résultat donne une unité visuelle cohérente, qui crée un lien entre la rigueur du style haussmannien et la fluidité contemporaine.


L’entrée transformée en écrin culinaire
L’un des enjeux majeurs de cette rénovation était d’intégrer une quatrième chambre sans compromettre la générosité des espaces de vie.
Pour y parvenir, nous avons déplacé la cuisine dans l’entrée, un vaste volume alors sous-utilisé, séparé du séjour par un mur épais. L’idée : faire tomber cette frontière pour réunir salon, salle à manger et entrée dans un seul grand espace ouvert, baigné de lumière.
Deux colonnes porteuses se sont révélées être les dernières traces de cette séparation. Plutôt que de les dissimuler ou de les contourner, nous avons choisi de les intégrer pleinement à la nouvelle composition.
Elles encadrent désormais l’îlot central, affirmant leur présence dans le paysage de la cuisine. Une contrainte devenue rythme, une structure transformée en ligne de force.



Pour accompagner la transition entre la porte d’entrée et la cuisine, un sas a été dessiné. Cet espace d’accueil, composé d’un vestiaire et d’une banquette, offre un seuil confortable, à la fois utile et apaisé. Il introduit une respiration dans le parcours, tout en laissant entrevoir la pièce de vie.


Perspective et alignement: une expérience visuelle harmonieuse
Dans la conception de cet appartement, nous avons exploré le concept d’« alignement perspectif » pour souligner l’équilibre des volumes. L’idée fondamentale est de guider le regard du visiteur à travers l’espace en utilisant des éléments architecturaux qui s’associent dans une perspective soigneusement orchestrée.
Dès l’entrée, la verrière, avec sa forme évoquant celle des garde-corps, capte immédiatement l’attention. Elle sert de point focal et introduit un motif visuel qui se répète tout au long du parcours.

En poursuivant le regard, l’œil est naturellement attiré vers une arche qui reprend les courbes de la verrière. L’alignement entre ces deux éléments favorise une transition fluide vers les espaces privés.
Au bout de cette perspective, la salle de bain des parents intègre un miroir de forme oblongue qui reprend le motif de la verrière. Ce miroir renforce la continuité visuelle en réfléchissant les formes et les motifs présents dans l’entrée. Il complète l’harmonie globale de l’espace.


Suite parentale: harmonie entre grandeur et fonction
Dans la suite parentale, les menuiseries ont été conçues comme des éléments scénographiques à part entière. Autour du lit, des colonnes de rangement pleine hauteur, aux angles arrondis, forment un cadre sculptural. Les chevets intégrés en bois massif, eux, confèrent une ambiance chaleureuse. Cette alliance de fonctionnalité et d’esthétisme compose un tableau saisissant, tout en optimisant les rangements.





Dans la salle de bain attenante, nous avons imaginé une cloison perpendiculaire à la fenêtre. Cette conception permet à la lumière naturelle d’inonder à la fois la douche et la vasque. Elle génère une ambiance lumineuse et aérée, où confort et fonctionnalité se rejoignent harmonieusement.




En sortant de l’espace des parents, un couloir s’ouvre sur la partie dédiée aux enfants. Autrefois, les portes des toilettes invités et de la salle d’eau des enfants s’ouvraient maladroitement sur ce passage, perturbant ainsi la circulation. Aujourd’hui, elles ont été remplacées par des portes à galandage, apportant ainsi légèreté et fluidité aux déplacements.
La salle d’eau des enfants a bénéficié d’une transformation complète, offrant une atmosphère à la fois ludique et sophistiquée. Cet espace se distingue par des couleurs chaudes et des détails créatifs. Par exemple, un trio d’appliques, disposé de manière organique, rappelle les jeux d’enfants tout en ajoutant une touche de fantaisie.





Boiseries réinventées: le passage du flambeau
Les boiseries murales du séjour, véritables témoins du charme d’antan, ont fait l’objet d’une restauration minutieuse. Par la beauté qu’elles dégagent et la mémoire qu’elles portent, il était essentiel de les préserver. Chaque pièce a été soigneusement déposée, restaurée selon un processus rigoureux en neuf étapes, puis réinstallée à son emplacement d’origine. Une opération précise, pour redonner aux boiseries leur présence d’autrefois, sans effacer leur histoire.


Du côté des chambres d’enfants, l’histoire était différente. Dépourvues de boiseries, elles appelaient une écriture plus libre. Plutôt que de reproduire un dessin haussmannien, nous avons choisi un vocabulaire contemporain. Une ligne sobre, discrète, qui répond à l’existant sans le singer. Ce geste installe un dialogue paisible entre les espaces: d’un côté la tradition restaurée, de l’autre une réinvention assumée, comme une transmission entre deux époques.


Reportage photographique : Juan Jerez Studio