Claude Bernard
Réinvention scénographique d’un appartement familial
Paris 5ème
Surface: 142 m2

Claude Bernard
Réinvention scénographique d’un appartement familial
Paris 5ème
Surface: 142 m2
L’appartement Claude Bernard est un chef-d’œuvre du mouvement Haussmannien. Le calepinage du parquet, les corniches moulurées et tous les autres détails magistralement pensés font de cette habitation un lieu d’exception.
Pour répondre aux usages d’aujourd’hui, nous avons cherché une nouvelle manière d’habiter le lieu, en respectant son histoire et ses silences. Le projet scénographique vient ouvrir la circulation, faire respirer les volumes, et réinventer un lien plus fluide avec l’architecture d’origine.
Équilibre spatial : de l'enveloppant au lumineux, un transition parfaite


Après quelques mois de transformation, c’est au plafond de l’entrée qu’une teinte douce, chaude et terreuse vient poser la première note. Cette couleur crée une sensation enveloppante, presque tactile, et abaisse visuellement la hauteur du volume. Elle produit un effet d’ouverture vers le salon par un jeu d’opposition.
L’entrée devient ainsi un cocon silencieux, intime, presque protecteur. En miroir, le salon s’élance dans une verticalité lumineuse, libre, vibrante. Cette tension entre retenue et ouverture guide le corps sans l’imposer. Une invitation à traverser, à habiter l’espace dans une convivialité évidente.

Le salon est le cœur battant de l’appartement. Pour amplifier son souffle, il a été uni à la cuisine.
Bien qu’alignées, les deux pièces n’étaient pourtant pas égales face au soleil : seul le salon recevait les rayons les plus généreux. L’orientation du bâtiment et la densité urbaine alentour filtraient la lumière, qui peinait à atteindre la cuisine. À cela s’ajoutait la cloison qui les séparait, coupant net cet élan lumineux et empêchant la lumière de circuler librement.
Cette frontière a donc été transformée. Deux passages ont été créés, accompagnés d’une verrière, comme autant de respirations entre les volumes. Depuis, la lumière circule sans obstacle d’une pièce à l’autre, révélant la clarté, les volumes, les matières et les couleurs.
En réorganisant ainsi les seuils, les circulations se sont elles aussi métamorphosées. Une boucle fluide s’est dessinée, permettant de traverser l’espace avec liberté, sans jamais rompre le mouvement.
Maquette 3D & modélisations photoréalistes





En complément, une partie de la cloison a été conservée pour y ajouter un espace repas généreux d’un côté, et des rangements discrets de l’autre.
Entre les deux, une verrière en chêne massif s’insère comme une ponctuation. Elle permet aux miroirs du salon et de la cuisine de se répondre en vis-à-vis, installant un jeu de reflets qui évoque un air de galerie des glaces, la perspective absolue.




Îlot ancré, navire de la vie quotidienne
La cuisine devient le point central de la vie quotidienne. D’un côté, des rangements bien pensés s’organisent en cascade, prêts à satisfaire les amateurs de cuisine. De l’autre, un grand îlot central, imaginé comme un navire ancré, invite à la découverte culinaire et aux échanges mémorables.
Bien que la palette de couleurs reste dominée par des tons neutres, c’est une véritable explosion de matières qui vient enrichir l’espace : bois massif, terre cuite, dorure, staff, laiton, métal, céramique artisanale, et bien d’autres encore. Chaque élément apporte sa propre vibration, sa nuance, sa chaleur.



Espaces enfants : l'héritage haussmannien préservé
Côté nuit, les chambres des enfants révélaient déjà de précieux détails haussmanniens. L’intervention s’est donc limitée à l’essentiel : quelques rangements intégrés et une esthétique discrète, pensée pour laisser toute sa place à l’architecture d’origine.
Seule la salle d’eau a fait l’objet d’une transformation plus marquée, entièrement repensée dans un esprit monochrome.



Une parenthèse poétique dans la chambre oubliée
La chambre parentale était la pièce oubliée de l’appartement. Pourtant, une mignonnerie attisait déjà la curiosité avant la transformation : malgré les deux étages qui séparent l’appartement du sol, une flore sauvage s’invitait par la fenêtre de la pièce d’eau. Une poésie inattendue, presque fragile. Tout a alors été repensé pour offrir à ce poème le lyrisme qu’il mérite.
Aujourd’hui, une large vasque accompagnée d’un miroir fait face à l’entrée. Juste au-dessus, la fenêtre agit comme un spot naturel : la personne qui entre est aussitôt plongée dans un halo de lumière, un instant romanesque.
En sortant de la salle d’eau, la circulation repensée guide vers le lit. Peu à peu, une sensation d’autarcie s’installe, comme un repli doux au cœur de l’espace.




Projet à retrouver sur Divisare
Reportage photographique : Juan Jerez Studio